mercredi 13 février 2013

Le Tilapia est-il un poisson OGM ?

À ce jour, plusieurs travaux de recherche portent sur la transgenèse appliquée aux poissons. Plusieurs questions se posent quant à l'impact de ces poissons "modifiés" sur la santé, sur l'environnement, sur la biodiversité. Personnellement, je ne saurais pas y répondre mais je suis toujours très surprise qu'on modifie autant les animaux à des fins uniquement commerciales... 

1. Saumon Atlantique

Depuis plusieurs années, le saumon atlantique fait polémique. Actuellement, la Food and Drug Administration, aux Etats-unis, émet des avis favorables pour la commercialisation de ce saumon à des fins culinaires. Rien n'est encore décidé mais les choses sont actuellement en débat. Si vous  avez manqué cette information, voici un petit reportage de zone interdite datant d'il y a deux ans, qui vous montre comment sont réalisées les recherches visant à obtenir un poisson plus rentable en terme de grossissement et donc plus rentable économiquement pour les éleveurs. La différence de taille entre un saumon sauvage et un saumon OGM au même âge est édifiante...


2. Tilapia

2.1. Aquaculture raisonnée mais est-elle raisonnable ?

Lors de mon récent voyage en Guadeloupe, j'entends parler d'un parc aquacole ventant une aquaculture responsable et durable qui privilégie qualité des produits, respect de l’environnement et du consommateur : sans pollution ni médicaments. Conquise par l'intitulé, je programme bien évidemment une visite.

A première vue, un parc agréable proposant une table d'hôte pour goûter les ouassous (article relatif à ces crevettes ici ) et les deux espèces de poissons de l'élevage. Des visites pour les scolaires sont organisées sous terme de ferme pédagogique. En bref, j'ai hâte de commencer la visite. Les bassins en extérieurs s'intègrent bien dans le paysage, le personnel est sympa. 

Puis on commence par parler des crevettes. Les ouassous cultivées ne sont finalement pas les crevettes autochtones (en déclin) mais une espèce asiatique, proche mais pas du tout indigène de la Guadeloupe. Petite déception mais au moins, cela évite de piller les rivières des "vraies" ouassous restantes. Bien entendu, pas un mot sur une éventuelle colonisation des ouassous asiatiques dans le milieu naturel... L'espèce y était absente lors des inventaires de 1973, elle est maintenant présente dans plusieurs cours d'eau. La belle intégration des étangs dans l'environnement me laisse maintenant un peu perplexe, la colonisation depuis les étangs vers le cours d'eau est bien plus simple vu que les étangs sont alimentés directement par des petites sources locales et communiquent en aval avec un cours d'eau...

2.2. Le cas du Tilapia YY

Mais ce qui me laisse profondément perplexe, c'est l'élevage du Tilapia.

Plantons déjà le décors en Guadeloupe :
"Les menaces majeures qui pèsent sur ces milieux indispensables à la régénération des populations d'altitude sont liées aux pollutions agricoles et industrielles, comme à l'introduction d'espèces (Tilapia) susceptibles de modifier les équilibres écologiques de nos rivières." Gérard Hostache, Le Courrier de l'environnement n°34, juillet 1998  "

Le Tilapia, aussi appelé localement "Rouget créole", Tilapia niloticus.

C'est un poisson bon marché, au grossissement rapide, qui représente la 2nde production aquacole mondiale après la carpe. Autant dire qu'il est étudié sous tous les angles et qu'il y a de gros enjeux en terme d'industrie alimentaire. Plusieurs organismes travaillent sur le séquençage total du génome de Tilapia. Les gènes principalement étudiés sont ceux induisant la croissance, la rusticité mais aussi la proportion de mâles et de femelles. En effet, les éleveurs recherchent une proportion la plus forte possible de mâle, dont la croissance est très rapide. 



Dans l'élevage, on nous explique bien évidemment que durant des années, c'est un choix d'hormones données aux poissons qui permettaient une plus forte masculinisation des spécimens. L'impact de l'utilisation d'hormones dans les élevages ayant été démontrée, des alternatives ont été choisies. Et cette alternative provient de la manipulation génique des géniteurs pour obtenir plus de mâles après fécondation ! 




Le programme de recherche est très avancé, les résultats publiés et les poissons obtenus par ce procédé sont utilisés dans de nombreux élevages :  il s'agit des Genetically Male Tilapia (GMT®) de fishgen, issue de la "YY" technologie.

Biologiquement, pour faire simple, ces tilapia YY sont obtenus par exposition d'oeufs à des intensités variées d'UV permettant de détruire le matériel chromosomique. Ils sont ensuite fertilisé avec du sperme non traité et subissent un nouveau traitement par la chaleur. Après diverses autres manipulations, les embryons obtenus sont soit XX soit YY. Les YY sont conservés pour devenir les géniteurs avec des tilapia XX "normaux".



Ce petit schéma vous montre clairement comment obtenir à coup sûr 100% de mâles après fécondation. Le poisson géniteur est alors représenté sous forme de "super poisson" ayant deux chromosomes Y au lieu d'un X et d'un Y.

Au final, les poissons consommés ne sont pas ceux ayant le génome YY mais les "XY" descendants de celui-ci. 

Voici la présentation de la technique, telle qu'elle a été faite lors du séminaire aquaculture qui a eu lieu en décembre 2012 en Guadeloupe. 
http://www.guadeloupe2012.com/fr/production-de-tilapia-yy.html

Dans la présentation, il est bien écrit que ce poisson "YY" n'est pas un OGM et sur le site de son créateur, on peut lire :


"Un supermale est un mâle qui possède le nouveau génotype YY, soit deux chromosomes sexuels mâles au lieu d’un, comme dans les génotypes mâles naturels (XY).   Les supermales eux-mêmes ne sont pas traités par des hormones ou par un quelconque autre traitement. Dans la technologie Fishgen, les supermales (YY) sont croisés avec des femelles normales (XX) pour produire des GMT® (XY). Des supermales ont été produits pour un certain nombre d’espèce de poisson mais sont normalement non viables pour les organismes plus sophistiqués comme les humains. "

ou encore

"L’ingénierie génétique implique des techniques qui manipulent des gènes afin d’éviter la production sexuelle normale, notamment par l’introduction de nouveaux gènes par transgenèse. Les produits de l’ingénierie génétique sont souvent référés en tant qu’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Les GMT® sont produits à travers de simple programme de croisements combinant réversion du sexe et test de la progéniture, ce qui n’implique aucune technique d’ingénierie génétique. Les GMT® sont de fait peu différents des poissons produits par des croisements normaux ou de ceux issus de programme de sélection standards, et ils ne sont pas considérés comme OGM selon les définitions légales standard."

Le terme employé est celui de tilapia amélioré ...Effectivement, on peut se contenter de la définition légale standard ... ou pas ! A vous de juger. Personnellement, je n'ai pas mangé à la table d'hôte de cet élevage...


On parle du cheval dans les lasagnes en ce moment ... Certes, je ne mange pas de cheval (et pas non plus de lasagnes préparées) mais la question est aussi de se demander pourquoi peu de personnes s'intéressent à ce qu'elles mangent ... Mangeriez-vous du tilapia ? Mangez-vous le saumon le moins cher possible sans vous demander ce qui peut expliquer ce prix au rabais ?

6 commentaires:

  1. Vision simpliste et erronée, les sources de l'articles sont très peu fiables et non scientifiques. Aucun réel risque pour la santé n'est indiqué...

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    1. Je ne parle pas de risques pour la santé, votre lecture a visiblement été simpliste effectivement puisque je n'ai fait que reprendre la méthode d'obtention de poissons à 100% YY, méthode qui m'interpelle et que je juge contre nature. Je ne souhaite pas participer et encourager ce genre de pratique et c'est la raison pour laquelle je ne mange pas de tilapia. A vous de vous faire votre opinion quant à votre consommation mais ne donnez pas une interprétation fausse de mes propos.

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    2. Mon objectif est de traiter des enjeux sur les équilibres des milieux aquatiques et non pas de santé dans l'assiette.

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  2. Article plus proche au commercial, moins proche au scientifique.
    Très bon article, pour le consommateur, il saurait au moins ce qu'il mange comme poisson et un savoir de plus sur les animaux OGM et les GMT

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